Fonds PP 205 - Archives de Speyer, Herbert

Zone d'identification

Cote

BE AULB PP 205

Titre

Archives de Speyer, Herbert

Date(s)

  • 1950 - 1993 (Création/Production)
  • 1906 - 1940 (Création/Production)
  • 1906-1993 (Accumulation)

Niveau de description

Fonds

Étendue matérielle et support

3 cartons d'archivage

Zone du contexte

Nom du producteur

(1870-1942)

Notice biographique

Londres, 7 octobre 1870 - 14 mars 1942
Docteur en droit, en sciences politiques et administratives (ULB, 1898).
Président de la Fondation Cassel (CEMUBAC), sénateur libéral, membre du Conseil Colonial. Nommé professeur extraordinaire à la Faculté de Droit (1910) et principal promoteur des thématiques coloniales.

Histoire archivistique

Le fonds d’archives d’Herbert Speyer semble avoir été constitué entre les années 1906 et 1940. Les documents formant ce fonds proviennent a priori du domicile de Speyer. Ceux-ci, à l’origine, semblent être des documents divers, conservé par Speyer sans finalité apparente. En tout cas ces documents n’étaient, a priori, pas destinés à être conservés au sein des Archives de l’ULB. En effet, ce fonds d’archive intègre la collection de l’Université qu’en 2002 (historique de l’acquisition ci-dessous), après que ces archives aient été conservées durant de nombreuses années à l’étranger.
Comme susmentionné, Herbert Speyer fuit la Belgique en 1940 pour se rendre en Angleterre. Il part avec sa famille en laissant son domicile en l’état : meubles, bibliothèque et autres documents restent sur place. À l’arrivée des Allemands en Belgique, sa secrétaire – Madame Dupont-Godart – détruit les documents personnels de Speyer à sa demande. Il ne reste alors dans le logement que la bibliothèque et des documents principalement imprimés.
Toutefois, les quelques documents restants seront pillés par les nazis : le gouvernement a créé plusieurs organes liés à la spoliation de biens sur les territoires conquis, comme l’ERR et le RSHA(4) . L’ERR s’intéresse particulièrement aux archives des professeurs de l’ULB et aux maisons des juifs. En 1941, les agents de l’ERR pillent plusieurs logements de francs-maçons et de libéraux, dont celui d’Herbert Speyer. Ils emportent dix-huit caisses de livre, mais les rapports ne mentionnent aucune prise d’archives. Néanmoins, ces rapports évoquent la présence d’une caisse portant sur les « affaires juives » et le fonds d’archives d’Herbert Speyer contient effectivement des documents sur cette thématique : il s’agit probablement des documents contenus dans cette caisse. Toutefois, comment expliquer l’existence de ce fonds d’archives et la trace de cette caisse, alors que les rapports ne mentionnent aucune prise de documents ? Il est envisageable que ces documents aient directement été saisis par le RSHA (supérieur à l’ERR) avant même qu’ils soient notifiés dans les rapports.
Quoiqu’il en soit, ces documents, après avoir été volés par les nazis, ont probablement été transférés dans des dépôts destinés à stocker tous les biens spoliés, soit vers Berlin, soit vers l’est de l’Europe(5). Ces dépôts d’archives tombent, vers 1944-45, dans les mains de l’URSS, gagnant du terrain sur les nazis. Les Soviétiques s’emparent alors des archives qu’ils trouvent et les envoient vers Moscou où ils créent un dépôt d’archives accueillant les archives étrangères récupérées durant la guerre, les Archives Spéciales (RGVA, Osobyi), dans lequel seront conservées les archives d’Herbert Speyer durant plus de 50 ans sous la cote 244-1.
Durant toutes ces années, ces archives étrangères seront gardées secrètes – même si certaines personnes sont autorisées à les consulter comme en témoignent des documents issus du service des archives soviétiques qui se trouvent actuellement dans le fonds d’Herbert Speyer. Toutefois, il n’est pas possible, à ce stade d’analyse, de savoir quel intérêt pouvaient avoir ces archives pour les Soviétiques. Dans tous les cas, ceux-ci entreprennent des recherches sur les producteurs d’archives et l’inventaire de tous les fonds récupérés entre 1951 et 1979. Dans le cas des archives d’Herbert Speyer, il semble que le classement respecte l’ordre dans lequel les documents étaient lorsqu’ils récupèrent les dossiers : a priori les archivistes soviétiques ont simplement reconditionné les documents – regroupés selon des thématiques – dans plusieurs fardes, et ils y ont ajouté un document explicatif en amont.
In fine, ces archives resteront au sein du dépôt d’Archives spéciales à Moscou jusqu’en 2002, avant de revenir en Belgique et d’intégrer les Archives de l’ULB dans la section « Papiers du Personnel (PP) », sous la cote PP205. Au sein du service de l’Université, le fonds restera également inconnu durant plusieurs années, car il n’est pas inventorié – et donc non consultable – alors que l’accord passé avec les Russes prévoyait l’inventaire des fonds revenant en Belgique et leur ouverture au public. L’inventaire constitué ici représente donc l’opportunité d’ouvrir ces archives au public.

  1. L’ERR (Einsatztab Reichsleiter Rosenber) est une organisation gouvernementale dirigeant le pillage culturel.
    Le RSHA (Reichssicherheitshauptamt) s’intéresse aux archives des organisations et personnes des pays conquis liées à la sécurité d’état et aux ennemis publics comme les juifs, les communistes, les francs-maçons, etc. Cf. J. LUST, M. VERMOTE, « Belgium. Papieren Bitte ! The Confiscation and Return of Belgian Archives and Libraries (1940-2003) », dans P. K. GRIMSTED, F. J. HOOGEWOUD, E. KETELAAR (éd.), Returned from Russia. Nazi Archival Plunder in Western Europe and Recent Restitution Issues, Built Wells, Institute Art and Low, 2007, pp. 192-193.
  2. Il semblerait que les Allemands stockaient les archives concernant les loges franc-maçonnes et les juifs dans un château en Silésie. Cf. M. DE NOMAZY, « Le rôle du ministère des Affaires étrangères dans le rapatriement des archives de Moscou. Un témoignage », dans F. BERTRAND, H. SERVANT, S. CŒURÉ, (dir.), Les « fonds de Moscou ». Regards sur les archives rapatriées de Russie et les saisies de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Service historique de la Défense et PUR, 2019, p. 15.

Source immédiate d'acquisition ou de transfert

Les archives d’Herbet Speyer ont intégré les archives de l’ULB (service des Archives, Patrimoine et Réserve précieuse) en mai 2002 – avec d’autres fonds d’archives(6) – après avoir passé de nombreuses années dans les Archives Spéciales de l’URSS. L’existence de fonds d’archives étrangers(7) conservés à Moscou est inconnu durant presque 50 ans : seul le personnel du service moscovite et quelques privilégiés ont accès à celles-ci. Dès lors, l’existence de ces fonds demeure inconnue aux yeux du public international : la correspondance interne du service des archives de l’ULB montre qu’en 1968 personne n’avait la moindre information sur les papiers d’Herbert Speyer(8).
En 1992, le CegeSoma et l’Amsab dévoilent lors d’une conférence de presse la présence d’archives belges spoliées durant la Seconde Guerre mondiale en Russie. Après cette annonce, la Belgique espère la restitution immédiate des 35 fonds conservés en Russie. À la même époque, la France négocie également le retour d’archives, et les Pays-Bas l’avaient fait quelque peu auparavant, sans que l’accord soit ratifié. Finalement, la France voit le retour des 2/3 de ses archives dès 1994, mais il en sera autrement pour la Belgique.
En effet, malgré un accord trouvé entre la Belgique et la Russie en 1993, les archives ne seront rapatriées qu’en 2002, car la Russie se retire de cet accord à la suite de considérations politiques et de conflits d’intérêts internes. Les négociations ne reprennent qu’en 2000, quand la situation politique russe permet la réouverture du dossier. Durant ces quelques années, des analyses approfondies ont été menées sur les fonds conservés à Moscou, avec notamment le microfilmage d’archives par l’Amsab et l’ULB.
Après de longues négociations menées notamment par une équipe d’expert et des rencontres entre les ministres des deux pays , la Belgique s’engage à verser 130.000 dollars à la Russie et échange des archives concernant des immigrés russes et des diplômés du Lycée Impérial pour récupérer ses 35 fonds d’archives. Les archives seront finalement rapatriées par camions par l’armée belge entre le 24 et le 26 mai 2002. Les 35 fonds arrivent au Musée Royal de l’Armée – centre d’archives récupérant le plus de fonds – et seront ensuite redistribués aux différents centres d’archives et autres propriétaires.
Il faut toutefois noter que l’ULB n’est pas le propriétaire du fonds d’archives d’Herbert Speyer. En effet, les archives ne se trouvaient pas à l’ULB à l’origine et n’ont pas fait l’objet d’un don, mais l’Université a pu récupérer celles-ci par demande écrite auprès du Comité chargé de la restitution. Cette demande a été acceptée, car aucun membre de la famille Speyer n’a réclamé les archives.

  1. Voir point V. Sources complémentaires (documents apparentés) de cet inventaire
  2. Les Archives Spéciales de Moscou ont conservé durant près de 50 ans des archives personnelles se trouvant actuellement à l’ULB, mais également des archives militaires belges. Ils conservent aussi de nombreuses archives d’autres pays européens comme la France ou les Pays-Bas. Cf. J. LUST, M. VERMOTE, « Belgium. Papieren Bitte ! […] », op. cit., p. 211
  3. Des notes internes du service d’archive de l’ULB indiquent notamment que « les papiers de Speyer avaient disparu ». Cf. ULB, Service des Archives, Patrimoine et Réserve précieuse, Acquisition d’archives (classeur).

Zone du contenu et de la structure

Portée et contenu

Comme explicité ci-dessus, le fonds d’archives d’Herbert Speyer contient des documents qui se trouvaient au domicile d’Herbert Speyer lors des spoliations nazies durant la Seconde Guerre mondiale : il s’agit des documents qui n’ont pas été détruits par Madame Dupon-Godart, secrétaire d’Herbert Speyer. Les documents composant ce fonds d’archive semblent être en lien avec sa vie professionnelle et ses diverses activités. Il s’agit majoritairement de documents écrits : de la correspondance, des discours et autres types de textes dactylographiés, des documents parlementaires, des notes manuscrites ou encore des articles de presse. Toutefois, ce fonds d’archives comprend également des documents d’autres natures telles qu’une carte ou des bons aux porteurs.
Ces documents sont répartis dans 16 fardes lorsqu’ils reviennent de Russie. Celles-ci semblent respecter l’ordre dans lequel les documents ont été transférés après la guerre. Il ne semble en tout cas pas y avoir de trace de classement ni d’Hebert Speyer (excepté des feuilles pliées qui devaient servir de page de garde et qui ont été retirées du fonds) ni des nazis. Dès lors, il semblerait que les archivistes soviétiques aient simplement reconditionné les documents dans des fardes – ils ont numéroté chaque document (dans le coin haut droit) en recommençant la numérotation à 1 à chaque farde – sans les reclasser. En effet, les fardes reprennent des documents portant sur une même thématique – excepté la farde 5, voir ci-dessous –, mais aucun classement spécifique n’a été réalisé : les documents ne sont pas mis dans l’ordre chronologique ni par type de document. Il faut également noter que la quantité des documents dans chacune des fardes est variable et que la numérotation des fardes n’est pas forcément liée aux thématiques(10).

  1. Voir annexe 1 et 2. (dans l'Instrument de recherche disponible pour téléchargement sur la barre de navigation de droite)

Évaluation, élimination et calendrier de conservation

Accroissements

Mode de classement

L’intérêt majeur de l’inventaire du fonds d’Herbert Speyer est de pouvoir ouvrir ces archives au public. En effet, malgré l’accord passé avec les Russes au retour des fonds d’archives en Belgique, le fonds d’Herbert Speyer n’a pas été inventorié. Dès lors, le travail envisagé ici tend à faire l’inventaire des documents conservés dans ce fonds en respectant d’une part l’organisation originelle du fonds et d’autre part en gardant les traces de l’intervention du service d’archives soviétique sur le fonds.
Étant donné que les archives d’Herbert Speyer ont été, a priori, volées à son domicile durant la Seconde Guerre mondiale, ces documents ne semblent pas avoir été classés de manière spécifique. Comme mentionné ci-dessus, seules des pages (qui devaient être des pages de garde, parfois pliées en deux et comportant un bref titre ou quelques mots) formaient des dossiers parmi les documents. La seule trace de classement est donc celui effectué par les Soviétiques, c’est-à-dire une division des documents en 16 fardes reprenant des documents numérotés et une explication du contenu de la farde au début de celle-ci.
Dans l’objectif de respecter l’intégrité du fonds, il a été décidé de baser l’inventaire des archives sur le travail déjà effectué par les archivistes soviétiques. Par conséquent, l’inventaire proposé ici conserve la structure des 16 fardes. Toutefois, des modifications ont été apportées afin de rendre ce fonds le plus lisible possible. Premièrement, l’ordre des fardes a été modifié pour rassembler celles-ci par thématique – ces thématiques forment les séries du fonds. Dans un second temps, les différents documents composant les fardes ont été triés par types de documents et remis dans un ordre chronologique quand cela était possible. Enfin, les quelques documents émanant du service des archives soviétiques se trouvant dans chaque farde ont intégré le fonds de manière permanente. Enfin, chacune des pièces ou chemises composant ce fonds ont ensuite été renumérotés : chaque document conserve la numérotation soviétique se trouvant dans le coin en haut à droite ainsi que la nouvelle numérotation correspondant à cet inventaire et qui se trouve dans le coin en bas à droite des documents.
Néanmoins, il faut noter deux exceptions dans cet inventaire. Premièrement, la « Farde 5 » a été divisée en deux, car les documents la constituant semblaient correspondre à deux thématiques. La sous-série « Farde 5 » apparaît donc dans la série « Colonie » et dans la série « État belge ». Secondement, certains documents ont été sortis de leur farde d’origine, car ils ne concordaient pas avec la thématique de celle-ci. Ces documents ont alors été reclassés dans d’autres sous-séries qui semblaient correspondre davantage. Ces documents sont reconnaissables grâce à une « * » débutant la référence de ceux-ci dans l’inventaire.
En résumé, l’inventaire proposé ici permet de toujours visualiser la structure agencée par les archivistes soviétiques. Les différentes fardes ont été regroupées dans des séries thématiques et les documents formant les fardes ont été subdivisés en plusieurs catégories et retriées(11). Cependant, tous les documents ont été reconditionnés dans du nouveau matériel de conservation.

  1. Voir annexe 3

Zone des conditions d'accès et d'utilisation

Conditions d’accès

Accès libre

Conditions de reproduction

Langue des documents

Écriture des documents

Notes de langue et graphie

La majorité des documents du fonds d’archives d’Herbert Speyer sont en français, mais il contient également des documents en anglais, en hébreux et en néerlandais. Il faut noter la présence de documents issus des archives soviétiques qui sont en russe.

Caractéristiques matérielle et contraintes techniques

Instruments de recherche

Instrument de recherche téléversé

Zone des sources complémentaires

Existence et lieu de conservation des originaux

Les archives sont conservées au sein du service Archives, Patrimoine et Réserve précieuse de l’ULB qui se situe sur le Campus du Solbosch au 50 av. Franklin Roosevelt, Bruxelles.

Existence et lieu de conservation des copies

Unités de description associées

Descriptions associées

Note de publication

Il existe à l’ULB (services des Archives, Patrimoine et Réserves précieuses) plusieurs dossiers liés à Herbert Speyer et aux archives de Moscou :
• Deux autres dossiers sur Herbert Speyer, dont son dossier du personnel : ULB/H12, Herbert Speyer (1870-1942) ; ULB-Arch. 1P, 287, Speyer (Herbert).
• Des documents d’archives liés à l’acquisition de ce fonds : ULB/4A644 ; ULB/08BC-169.
• Trois autres fonds « Archives de Moscou » acquis avec les archives d’Herbert Speyer : AULB_PP008 (Archives de Jean de Sturler) ; AULB_PP202 (Archives de Charles Cohen) ; AULB_PP131 (Archives de Jacques Errera).

Zone des notes

Note

Sarah Bourazma (2021)

Identifiant(s) alternatif(s)

Mots-clés

Mots-clés - Sujets

Mots-clés - Lieux

Mots-clés - Noms

Mots-clés - Genre

Zone du contrôle de la description

Identifiant de la description

Identifiant du service d'archives

Règles et/ou conventions utilisées

Statut

Niveau de détail

Dates de production, de révision, de suppression

Les archives d’Herbert Speyer ont été inventoriées durant le mois de février 2021 par Sarah Bourazma. La réalisation du présent inventaire s’est clôturé en avril 2021.

Langue(s)

Écriture(s)

Sources

Accession area

Sujets associés

Personnes et organismes associés

Genres associés

Lieux associés